Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/120

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vait avoir environ deux lieues de tour : les murailles y restent encore, la plupart entières et bâties de grandes pierres de marbre brun sans ciment. L’on y reconnaît encore les portes ; par le dedans ce sont toutes ruines. L’on y voit plusieurs arcades, pans de murailles, statues et autres choses semblables. Les collines en sont toutes blanchissantes. » À l’époque où M. Lechevalier parcourait les rives de l’Hellespont et de la Propontide, les murailles de la ville subsistaient encore en plusieurs endroits dans leur entier.

Ce qui reste de Cisyque hors du ravin dont j’ai parlé, est difficile à reconnaitre sur un terrain divisé par des clôtures de pierres, planté de vignes très-hautes, hérissé de ronces et de buissons. Dans toute notre course, nous n’avons pu découvrir qu’un seul fragment d’inscription grecque sur une pierre du chemin, et sur une autre pierre qui servait à la clôture d’un champ, une bacchanale de jeunes hommes et de jeunes femmes couronnés de myrtes et de fleurs. On aperçoit en quelques endroits des monceaux de marbres taillés par le ciseau turc, ce qui prouve que les ruines de Cisyque ne sont plus qu’une carrière où chacun vient prendre des matériaux de construction. La plupart de ces marbres, tristes restes des palais et des temples, souvenirs effacés d’une grandeur, qui n’est plus, sont façonnés maintenant, en socles funèbres, et vont orner les tombeaux de quelque musulmans.