Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/143

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aurions eu besoin d’un logement commode, mais nous n’avons trouvé qu’une maison en ruines qu’on nous a permis d’occuper. Notre malade, dont la fièvre avait redouble, a été obligé de se coucher sur une natte dans une chambre ouverte à tous les vents. Quelques uns de nous se sont couchés auprès de lui, les autres sur l’escalier, dont il ne reste plus que quelques marches. La tramontane ébranlait les toits, et nous craignions à tout moment d’être écrasés sous les débris de l’édifice chancelant. La maison n’avait point de porte qu’on put fermer ; nous avons fait bonne garde pendant la huit, ce qui n’a pas empêché qu’on ait pris dans la poche de M. Poujoulat une bourse remplie de médailles ramassées au cap Sigée. Le voleur, qui croyait avoir mis sans doute la main sur des pièces d’or, n’aura pu se féliciter de cet exploit nocturne, car les médailles n’étaient ni en argent ni en or, et ne pouvaient enrichir personne, pas même un savant. Nous nous sommes facilement consolés de cette perte.

La population de Karaki est misérable, et la plupart des habitations n’y sont guère mieux bâties que celle où nous avons passé la nuit. Cependant, notre caloyeer a fait merveille dans cette pauvre bourgade ; c’était à qui lui apporterait des plus beaux raisins, les plus belles figues du pays, en échange de ses bénédictions. Il a fait aussi une assez bonne moisson de piastres, car, en pareille