Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/145

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et les Turcs une antipathie dont je ne peux vous donner une idée qu’en la comparant à celle qui existe entre certains animaux. Il faudrait changer les lois de la nature pour remédier au mal. Aussi, une société, où se trouvent réunis ensemble des Turcs, des Juifs, des Arméniens et des Grecs, nous rappelle-t-elle, au premier aspect, cette association qui, selon notre bon La Fontaine, se forma un jour entre la génisse, la chèvre, la brebis et le lion. Quel avenir espérer pour une association pareille ?

En quittant le port de Karaki, nous nous sommes trouvés en face des Mes de Marmara, appelées Proconèse chez les anciens ; ce sont des îles pauvres et peu habitées. Elles ont reçu le nom de Marmara de leurs carrières de marbre. Ces carrières ont fourni les marbres des palais et des temples dont nous avons cherché les ruines. On les exploite aujourd’hui pour les mosquées, les fontaines et les mausolées de Stamboul et des cités voisines. La mer de Marmara était célèbre chez les anciens ; ses rives étaient florissantes et bien peuplées. Notre caïque s’est rapproché des rivages de l’Europe, et nous n’avons pu voir sur les côtes d’Asie ni l’embouchure du Rhindacus, ni Mundania au fond de son golfe, ni ces belles régions de la Bithinie, où les voyageurs admirent encore les ruines de Nicomédie et de Nicée. Le mont Olympe nous montrait ses cimes azurées, et le pays