Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/161

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tributs qui lui étaient assignés, le trésor du sultan se trouve obligé de subvenir à toutes les dépenses. L’entretien du sérail et de ses nombreux habitans, lui coûte plus que celui d’une armée ; avec ce qu’il dépense pour un oda de son harem, ou pour une compagnie d’eunuques noirs, il pourrait avoir un régiment. Il faudra bien à la fin, dépeupler ces jardins mystérieux, ce séjour d’un luxe vain et des tristes amours, pour remplir les casernes et compléter les garnisons des places fortes. On a déjà remarqué que sa hautesse commençait à se lasser des délices du sérail et qu’elle cherchait ailleurs sa gloire, quelquefois même ses plaisirs.

Nous sommes entrés dans l’hôtel des Monnaies ; c’est là qu’on fabrique ou plutôt qu’on altère la monnaie sur laquelle est toujours écrit le nom glorieux du sultan. Cette direction des monnaies a déjà fait tomber bien des têtes, mais telle est l’administration turque, que les têtes tombent, et que les abus restent. Nous n’avons pu pénétrer dans la prison du Bostangi-bachi qu’on appelle le Four ; on dit que cette prison ne reçoit presque plus de victimes dans ses cachots ténébreux, depuis, qu’on, ne confisque plus les biens des condamnés. Si on voulait faire l’histoire des justices du sérail, le Bostangi-bachi serait un homme bon à consulter, et les instrumens qu’on employait pour la torture seraient de véritables archives. En sortant de la première cour du sérail, j’ai re-