Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/162

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marqué avec plaisir que l’herbe croissait dans le terrein réservé à l’exposition des têtes ; on n’a point fait d’exécution depuis plusieurs mois ; il faut en louer la modération du sultan Mahmoud ; malheureusement la modération n’est pas ce qui réussit le plus eh Turquie ; vous serez fâché sans doute d’apprendre que les rigueurs du despotisme sont encore ce qu’il y a de plus populaire chez les Turcs. On est ici pour le despotisme, ce qu’on est chez nous pour la liberté ; on le veut avec toutes ses conditions, on le veut avec tous ses excès. Les sévérités du pouvoir sont d’ailleurs provoquées très-souvent par les passions de la multitude ; plus d’une tête exposée à la porte du sérail fut comme une victime ou un holocauste, offert au génie des révoltes populaires ; le peuple se trouve par là associé au gouvernement absolu, et ne se soucie pas que les bourreaux se reposent.

Quand je suis revenu à Péra, les souvenirs qui m’avaient préoccupé dans la première cour du palais impérial, m’ont suivi dans mon modeste logement, et mes regards se sont encore portés vers les cyprès qui ombragent la demeure du sultan. Il m’est venu dans la pensée de comparer le sérail avec le quartier que j’habite. Ces deux quartiers de Stamboul sont en face l’un de l’autre, assis sur deux collines, séparés par la Corne-d’Or, tous deux regardait la mer et la rive de Scutari. Que d’événemens se préparent sur ces deux collines ! Sur