Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’on se remet a bâtir les maisons ; les maisons nouvelles sont reconstruites comme celles qui ont été brûlées, avec tout ce qui peut favoriser un autre incendie ; on ne prend pas plus de précautions qu’auparavant. J’espère que vous ne me demanderez pas s’il y a dans la capitale des Osmanlis une compagnie d’assurance contre le feu ; je ne m’en suis pas même informé ; deux ou trois fois dans un siècle, il faudrait payer la valeur de toutes les maisons de Constantinople. « Chaque maison de Stamboul, dit un proverbe turc, aurait pu être bâtie avec des clous d’or, si on avait eu tout ce qu’il en a coûté pour la reconstruire après chaque incendie. »

Pour parcourir les sept collines de Constantinople, je suis obligé chaque jour de prendre un cheval ou de cheminer à pied, car on ne trouve point de voitures : ce sont les chameaux, les ânes et les portefaix qui transportent les marchandises, et même lès pierres et les bois de construction. Aussi le mouvement du commerce et de l’industrie, qui est en grande partie la vie des cités, s’opère-t-il sans bruit : c’est comme si on voyait tout cela dans un panorama ou dans un tableau. Jamais, même aux jours de la sédition, il ne sort de Stamboul ces bruits tumultueux et confus qui ressemblent à la voix des grandes mers ; le silence n’y est interrompu que par les cris des revendeurs et des marchands dé comestibles. Si Constantinople est silencieux pen-