Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/183

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dant le jour, que vous dirai-je du calme profond qui règne dans la cité quand le jour fait place aux ténèbres ? Vous avez à Paris des quartiers qui sont encore plus bruyans pendant la nuit que pendant me jour ; on serait tenté de croire qu’on n’y dort jamais. Ici, le soleil est à peine couchée que tout le monde est rentré chez soi ; les bazars sont déserts, les portes de la ville fermées, les chaînes qui servent de barrières à chaque quartier sont partout tendues : point de réverbères, pas une lueur échappée des maisons ou des boutiques ; il n’y a plus alors que quelques patrouilles, des chiens aboyans, et les vigies qui frappent de leur bâton sur le pavé pour annoncer qu’ils veillent contre l’incendie.

Ce qu’on remarquait le plus à Constantinople dans des temps qui ne sont pas éloignés de nous, c’est la variété et la richesse des costumes. Les étrangers admiraient surtout ces schals des Indes, ces magnifiques fourures, ces beaux turbans de cachemire, ces robes flottantes qui furent de tout temps la parure des Orientaux. Miladi Montague nous dit dans ses Lettres qu’en voyant plusieurs pachas avec leur grande barbe et l’appareil de leur vêtement, il lui semblait voir le vieux Priam et son conseil. Aujourd’hui tout est bien changé parmi les habitans de Stamboul, il n’y a plus guère que les Juifs, les Grecs, les Arméniens et quelques derviches, qui soient encore vêtus comme autrefois.