Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/190

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on ne rencontre que-des gens habillés moitié à la franque, moitié à la turque, adoptant quelques-uns de nos habillemens européens, conservant un reste des costumes asiatiques. Au milieu de tous ces travestissemens, de toutes ces métamorphoses, on s’étonna néanmoins de n’avoir, point encore vu le chapeau ni rien qui en approche, les ulémas ont fait observer que cette coiffure empêcherait les vrais croyans de toucher la terre avec leur front dans la prière du namaz ; d’après cette considération, le chapeau des Francs est resté interdit aux disciples du prophète, et la police ne souffre pas que le signe distinctif dés giaours paraisse sur la tête d’un Osmanli ou même d’un sujet tributaire.

Rien n’était plus sévère autrefois que la police des mœurs, on s’est relâché sur ce point mais de temps à autre on voit encore des exemples de sévérité. Dans la rue que j’habite, un pâtissier recevait chaque nuit deux femmes avec lesquelles il s’enivrait ; tout le monde a été arrêté dans la boutique ; le pâtissier après avoir reçu la bastonnade est revenu le lendemain chez lui, pouvant à peine se tenir sur ses pieds, on n’a pu savoir ce qu’étaient devenues les femmes ; on suppose qu’elles ont été retenues en prison. Quelques personnes croient qu’elles ont été jetées dans les eaux du Bosphore. On sacrifie ainsi quelques victimes au vieux fanatisme ; on renchérit même sur les anciennes ri-