Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et la paix dans une ville populeuse et florissante, Les habitudes n’ont pas changé ; l’ancienne barbarie subsiste encore, au fond de toutes les institutions qu’on s’efforce aujourd’hui de renouveler ou d’améliorer. Les provinces sont toujours sous le régime militaire, la justice des cadis est ambulante comme au temps des hordes nomades., et la police de Stamboul continue à se faire comme dans un camp ou dans une armée.

Tous les voyageurs nous parlent de la surveillance rigoureuse qu’exerce le gouvernement sur la vente des comestibles ; cette surveillance est un effet de la crainte qu’on a du peuple, bien plus redouté ici que dans les pays où sa souveraineté est si hautement proclamée. L’œil du pouvoir veille surtout sur les boulangers ; lorsque l’un d’eux est surpris, vendant à faux poids, on s’empare de sa personne, il reçoit la bastonnade, ou bien il est cloué par l’oreille à la porte de sa boutique, quelquefois il est étranglé ; si le maître se trouve absent, on s’en prend au garçon, car il faut une victime ; c’est ainsi que chez nous la justice arrête parfois le gérant responsable d’un journal, tout aussi innocent, la plupart du temps, que le garçon boulanger trouvé dans la boutique. Nous avons vu quelquefois la police turque se promener dans les rues et surtout dans les bazars ; son appareil est peu imposant, mais elle n’en pas moins de terreur ; très-souvent elle juge elle-même les cou-