Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/196

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nement avertissait le peuple par un firman des mesures qu’on allait prendre, essayant ainsi, d’après une expression turque, de couper la langue des bavards avec le ciseau de la menace. Ces sortes d’avertissemens qui ressemblent aux sommations faites chez nous en présence d’une émeute, sont ordinairement comme l’éclair qui précède la foudre ; à peine les hommes paisibles ont-ils le temps de se mettre à l’écart pour laisser passer la justice impériale qui, fidèle a ses menaces, frappe tout ce quelle rencontre sur son chemin. Constantinople a pu voir, il y a quelques mois, jusqu’où peuvent aller les rigueurs de cette police politique. Des murmures s’élevaient parmi le peuple sur le traité fait avec les Moscovites ; on pouvait craindre un soulèvement. Le seraskier a fait avertir le public qu’il allait parcourir la ville et punir les perturbateurs ; à peine les tchiaoux avaient-ils publié son manifeste que le ministre du sultan a paru lui-même, accompagné d’un grand-nombre de soldats. ; tous ceux qu’on rencontrait dans les rues et qui paraissaient suspects, étaient sur-le-champ étranglés ; on ne s’est pas donné la peine de faire des prisonniers ; deux ou trois cents têtes ont été coupées, et c’est ainsi, disait le séraskier en rentrant chez lui, c’est ainsi qu’on traitera désormais tous ces cerveaux épais, tous ces esprits à courte vue, qui veulent parler de ce qu’ils ne savent pas.

Vous voulez peut-être savoir comment se fait la