Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/205

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aux dernières victoires des Russes, qui ont rendu les Osmanlis moins orgueilleux et plus tolérans pour les étrangers. Les Turcs n’estiment guère que ceux qu’ils redoutent et n’ont du respect que pour les victorieux ; la conquête d’Alger n’a pas laissé que d’ajouter à leur politesse envers les Francs ; il ne nous faudrait, plus qu’une seconde victoire comme celle-là, pour avoir tout-à-fait le haut du pavé, dans les rues de Stamboul.

Constantinople n’a point de promenades publiques, car les Turcs ne se promènent pas ; on fait beaucoup ici pour l’ornement des cimetières ; on a planté des arbres pour les morts, et les vivans en profitent. À notre arrivée, ma première course se dirigea vers l’extrémité de Péra ; j’eus de la peine à traverser la foule ; tous les chétiens se promenaient : c’était un dimanche. Parvenu hors du faubourg, quelle fut ma surprise de voir une multitude de peuple sous des arbres plantés sans symétrie et parmi des tombeaux ; j’aurais pu croire d’abord qu’on célébrait là quelque anniversaire. Je remarquai, des arabats, espèce de char-à-bancs, grossièrement construits, non suspendus et peints de diverses couleurs. Ces chars, auxquels sont attelés des bœufs ou des buffles, chamarés de pompons de laine, traînaient autour des cimetières des femmes et des enfans dont la physionomie exprimait la joie. J’allai jusqu’au cimetière des Arméniens ; une compagnie choisie était assise sur les