Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/208

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blemens, et les nouvellistes de l’opposition avaient, dit-on, coutume de s’y réunir. Les têtes de ceux qui les fréquentaient ont été exposées à la porte du sérail, les maisons ont été démolies et la politique des cafés dort maintenant parmi des ruines. C’est là que le cynique Karagueuse et d’ingénieux conteurs égayaient l’oisiveté des Osmanlis. On n’a pu me dire ce qu’étaient devenus les conteurs : on leur reprochait d’avoir flatté quelquefois le fanatisme indocile des vrais-croyans. Quant au pauvre Karagueuse, on l’accusait d’être l’idole et souvent même l’interprète d’une multitude mécontente. Il est maintenant exilé de Stamboul, l’usage de la langue turque, lui a été interdit, et lorsqu’il se montre sur quelque théâtre particulier, il ne lui est plus permis de débiter ses lazzis que dans la langue des esclaves ou des Hellènes. Il ne faut pas croire néanmoins que le nombre des cafés soit beaucoup diminué à Constantinople ; mais ceux qui subsistent encore n’offrent que des réunions paisibles, attirées par les délices du chibouk et du nectar arabique.

Quoique je ne cherche guère l’occasion de montrer mon savoir, je veux néanmoins vous faire ici une digression sur le café, le tabac et l’opium. Leur usage ou leur introduction dans cette capitale a rencontré de puissans obstacles. Les théologiens de Stamboul ont disputé sur le tabac et le café, comme dans Bysance on disputait sur la lumière