Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/222

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thèque choisie que chez l’internonce d’Autriche.

Il faut que je vous dise un mot de la reliure des livres dans la capitale des Osmanlis ; les reliures de Constantinople surpassent toutes les autres par la propreté, l’élégance et la perfection du travail ; les volumes reliés par les ouvriers turcs, s’ouvrent et se ferment avec une grande facilité ; les ornemens des couvertures et les étuis qui contiennent les livres sont des ouvrages achevés. Nulle part on n’a plus de soin, des livres, nulle part on ne met plus de prix à les conserver, à les faire paraître avec éclat ; je doute fort que dans le pays des Turcs aucun auteur ait jamais été aussi bien vêtu, aussi bien traité que ne l’est son ouvrage dans une bibliothèque ou dans la boutique d’un libraire.

Je me suis arrêté quelquefois dans le bazar des armes ; c’est un grand édifice carré semblable à un kan au milieu duquel se trouvent étalées, comme dans un arsenal ou dans un musée, toutes les armures des Orientaux. Je me plaisais à voir des Turcs debout sur leurs bancs, ou leurs estrades, vendant à la criée les pistolets montés en argent, les yatagans, les longs cimeterres ; le bazar des armes est celui que les Musulmans montraient autrefois aux étrangers avec le plus d’orgueil ; il a, dit-on, beaucoup perdu dans ces derniers temps ; la réforme de Mahmoud n’a pu encore déterminer les Musulmans à nous permettre d’y faire des emplettes ; un Franc ne pourrait y acheter un sabre ou un pistolet, quoi-