Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/226

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essences de rose aux harems du sultan ; toutes les fois que j’arrive, ce sont des fêtes ; on m’apporte le café, la pipe et tout ce qui s’ensuit ; je n’ai jamais grande envie d’acheter, mais de politesse en politesse je me trouve je ne sais comment forcé de faire une provision nouvelle d’eau de rose et de pastilles du sérail.

Je traversais ces jours derniers le bazar des étoffes, une vive inquiétude se montrait sur les visages ; le bruit s’était répandu qu’on allait habiller à neuf les régimens de la garde impériale. Quand le gouvernement veut faire des habits aux troupes, on mande les marchands et les tailleurs obligés de donner à un prix modique, les uns leurs draps, les autres leur travail. Ce qu’on redoute le plus dans les beseslins et les bazars, c’est la fourniture du gouvernement. Pour trouver des fournisseurs, la Porte et ses ministres ont quelquefois eu besoin d’employer la bastonnade et même des moyens plus acerbes ; aussi, n’est-il jamais venu dans l’esprit d’un marchand d’écrire sur une enseigne le nom des visirs, des sultans ou des sultanes. Il faut ajouter d’ailleurs que le commerce de Stamboul n’a jamais recours aux enseignes et aux écriteaux ; le désir qu’on a de montrer ses marchandises se trouve même quelquefois neutralisé par la crainte que certaines gens ne les voient. Ajoutez à tout cela que la monnaie altérée du grand-seigneur vient quelquefois jeter l’embarras et l’effroi parmi les marchands