Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/255

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et de donner aux morts des concierges et des gardiens. En Turquie on est persuadé qu’un cimetière doit être toujours ouvert, et que le respect pour les morts suffit à la garde des, tombeaux ; dans notre chrétienté surtout à Paris, les cimetières sont places à l’écart, et restent en quelque sorte cachés à tous les yeux. Rien n’est au contraire plus familier aux Turcs, rien n’est plus accessible que la demeure funèbre de ceux qu’ils ont perdus et dont la mémoire leur est chère. En France et en Europe, il n’est pas toujours permis de choisir l’endroit de sa sépulture ; chez les Turcs chacun peut se faire enterrer où il lui plaît ; aussi trouve-t-on partout des tombeaux sur des collines, au bord des chemins, près des ruisseaux et des fontaines. On croirait que les morts aiment à se montrer, et comme les malheureux qui implorent la charité publique, ils s’exposent le plus qu’ils peuvent à la vue des passans pour en obtenir un souvenir ou une prière.

On reconnaît ordinairement un cimetière à la vue des cyprès ou des platanes, qui sont tour à tour un ornement et une image de deuil. À mesure que vous approchez, vous voyez devant vous un vaste espace, couvert de pierres plates et de pierres ovales placées verticalement. Parmi ces monumens funèbres, il en est de sculptés avec beaucoup d’art ; quelques-uns sont peints ou dorés, surmontés d’un turban. On n’a pas mis plus d’ordre à placer les sépultures que la mort n’en met à frapper ses vic-