Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/260

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gyrique avec le fetwa ou la sentence qui accompagnait la tête du pacha rebelle, lors de sort exposition au sérail. Dans le jugement de la porte, il est condamné pour avoir été le plus odieux et le plus exécrable des tyrans, tandis que dans son épitaphe, il est présenté comme le bienfaiteur de l’humanité et le libérateur des nations. Le gouvernement qui a fait mourir Ali pour ses crimes, souffre volontiers qu’on loue maintenant ses vertus ; le despotisme est plein de sévérité pour les vivans, il ne leur permet pas de se plaindre, ni d’avoir un autre avis que le sien ; mais il ne s’occupe guère de ce qu’on dit des morts et de ce qu’on écrit sur les pierres. À côté du tombeau d’Ali, on voit celui de ses trois fils, décapités comme lui ; ils avaient eu tous les trois des emplois élevés ; ils s’étaient associés à la révolte de leur père, ils avaient eu le même sort. Personne n’est surpris qu’on accorde à leur mémoire les mêmes honneurs.

Une autre remarque, qui n’est peut-être pas sans importance, c’est qu’un mausolée ne renferme ordinairement que la tête des décapités ; voici la tête du coupable, disent les fetwa ; mais ils ne disent point ce qu’est devenu le reste du corps, qui est peut-être abandonné aux chiens et aux animaux sauvages. Les anges du sépulcre, chargés d’interroger les morts, de veiller sur leurs dépouilles, ne doivent-ils pas être quelquefois embarrassés ? Comment s’y prennent-ils pour exercer leur juri-