Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vant qui tout tremble, et de la faiblesse qui pleure une femme ?

La partie de la vallée de Kiat-Khana ou de Kiaghid-Khané, la plus voisine du port, m’a paru comme réservée aux Osmanlis, car je n’y ai jamais vu que des groupes de femmes turques, des tacticos et des effendis campés sous des tentes vertes. Au pied des aunes et des grands arbres qui ombragent les rives du Barbyzès, j’ai pu quelquefois observer des scènes de famille ; des femmes musulmanes attachaient aux branches d’un arbre leurs schals en guise de hamac, et dans ce berceau flottant elles balançaient leurs enfans encore à la mamelle ; de petits garçons de cinq ou six ans jouaient autour de leurs mères et revenaient souvent les embrasser ; leurs caresses enfantines me rappelaient ces paroles du prophète arabe : le baiser donné par l’enfant à sa mère, égale en douceur celui qu’on donnerait au seuil de la porte du ciel. Le long du Barbyzès, on trouve des échoppes et des cabanes où les amateurs peuvent avec deux ou trois paras fumer la pipe et prendre le café ; on voit de distance en distance des Musulmans accroupis sur des nattes étendues au bord de la rivière ; calmes et silencieux, ils savourent la fumée du chibouk, et la plus profonde insouciance est empreinte sur leur figure ; les Turcs semblent s’être fait une loi de ce conseil d’Horace : quid sit futurum cras fuge quœrere (ne cherche point à connaître ce qui arrivera demain).