Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/386

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rieures des Osmanlis, elle écraserait sans doute les rebellions les plus menaçantes, elle ferait triompher pour un moment l’autorité suprême ; mais ses victoires mêmes ne manqueraient pas d’irriter les passions du désespoir qui bravent tout, les haines fanatiques que rien n’apaise et qui ne pardonnent jamais. On risquerait ainsi d’affaiblir tout ce qu’on voudrait défendre ; on risquerait de rompre les derniers liens qui attachent le peuple à son souverain, et le souverain à son peuple. Une chose qu’il faut d’abord constater avant de parler de l’avenir de ce pays, c’est la répugnance invincible du peuple pour tout ce qui vient de ceux qui ne partagent point sa foi ; cette répugnance, quoiqu’elle soit maintenant un peu moins apparente, existe toujours au fond de toutes les opinions ; elle a neutralisé ce qu’il y avait de salutaire dans la réforme, elle peut neutraliser ou anéantir tous les moyens de salut qui se présenteront dans la suite. Singulière nation qui chaque jour est à la veille de périr et qui refuse d’être secourue, qui ne peut souffrir ni le mal, ni le médecin, ni le remède ! Elle est barbare, fanatique, aveugle, et pour qu’elle respecte un gouvernement, il faut que ce gouvernement lui ressemble ; tant que le souverain partage son aveuglement, et qu’il ne fait rien pour éloigner sa ruine, elle l’adore comme un Dieu ; elle s’en sépare dès qu’il prévoit le péril, et surtout lorsqu’il va chercher au dehors, ce qui pourrait la