Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/390

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Noire. Tous ces Francs, qui appartiennent à des nations différentes, n’ont entre eux ni lien, ni intérêt commun, ni aucune de ces affections et de ces sympathies qui font le charme des sociétés humaines ; leur grande affaire est d’arriver à la fortune ; chacun ne vit que pour soi et ne songe qu’à ce qui le touche ; les Francs de Péra ne s’occupent pas plus les uns des autres que des voyageurs qui passent et se rencontrent sur une-même route.

La nation diplomatique est une classe à part ; c’est la partie aristocratique de la cité des Francs ; aussi dédaigne-t-elle la classe des commerçans qui sont regardés comme les plébéiens de la colline. Les ridicules de tous les royaumes, le cérémonial et l’étiquette, de toutes les cours, tous les genres d’amour-propre, toutes les vanités et les prétentions de notre Europe, voilà en peu de mots ce qui a caractérisé en tout temps la haute société de Péra ; de plus, le noble faubourg a ses cancans, ses médisances, ses malignes histoires comme nos petites villes ; ajoutez à cela l’imitation grotesque des habitudes aristocratiques par les Grecs et les Arméniens qu’on admet dans la société des Francs, et qui se piquent d’avoir de bonnes manières. Nous n’avons pas vu cette société brillante, maintenant dispersée sur les rives du Bosphore et de la Propontide, mais il reste toujours à Péra assez d’âmes charitables qui ne négligent rien pour l’instruction des voyageurs. Ce qu’il y aurait de cu-