Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/397

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qu’animent maintenant le commerce et la diplomatie.

Si nous voulons un lieu où rien ne change, où rien ne s’agite, où toutes les intrigues et les passions soient mortes, allons à Scutari. On vient à Péra pour tenter le sort, on va à Scutari quand on a dit adieu à la fortune. Péra est le séjour des ambitions et des espérances ; Scutari est le pays des morts ou de ceux qui ne demandent qu’à mourir. On peut distinguer à Scutari deux cités : l’une est celle des vivans, l’autre est celle qui a pour maisons et pour palais des tombes et des mausolées ; celle-ci est plus vaste, plus magnifique que la première ; vous l’avez décrite en parlant des cimetières.

On retrouve, à Scutari, les quatre nations qui habitent Constantinople : ce sont d’abord les Turcs, puis les Grecs, les Arméniens et les Juifs. La ville n’a point de monumens qui appellent l’attention des voyageurs. Quand vous avez vu la caserne qui est un vaste édifice, la mosquée de Sélim III, quelques fabriques de mouchoirs assez renommées, le kiosque impérial de Bourgourlou, il ne vous reste plus qu’a vous ressouvenir que là s’élevait jadis l’ancien Crysopolis. En parcourant ces routes bordées de sépulcres qui traversent les cimetières de Scutari, il vous semblait voir les chemins de nos forêts royales ; en parcourant certaines rues de Scutari, larges, droites et bien pavées, je me suis cru dans les rues