Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/404

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ont peut-être reçu le jour à Tombouctou, et dans ces contrées dont l’accès a été fermé jusqu’ici aux voyageurs les plus intrépides. Ces faibles enfans ont tout oublié jusqu’à leurs parens qui les ont vendus ; si tous leurs souvenirs n’étaient pas effacés, ils pourraient nous mettre sur la voie de quelques découvertes géographiques. Nous avons interrogé les marchands qui les ont achetés ; il n’est pas douteux que quelques-uns de ces marchands n’aient visité l’intérieur de l’Afrique ; mais comme les enfans qu’ils traînent à leur suite, ils ont tout oublié et ne savent plus rien de ce qu’ils ont vu ; peut-être aussi ne veulent-ils pas faire connaître les chemins par où ils ont passé, dans la crainte d’y être suivis ou devancés par d’autres.

Nous nous sommes approchés des loges grillées qui bordent la cour ; des figures noires ou blanches se montraient à travers les grillages de bois ; sur quelques-unes de ces figures, on remarquait la tristesse, même le désespoir ; sur les autres, une stupide apathie, une profonde indifférence. Après avoir visitées les loges des esclaves, nous sommes venus nous asseoir sur l’estrade, où des marchands attendaient les acheteurs et s’entretenaient de leur négoce ; ils veillaient sur leurs marchandises, c’est-à-dire sur les petits nègres, sur les petites négresses, et sur les, femmes enfermées dans les loges grillées. Nous avons demandé à l’un d’eux si le commerce allait bien ; il nous a répondu que son