Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/407

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chargé de veiller à ce que tout se passe dans l’ordre, et de prévenir toute infraction à la loi religieuse. Il n’est permis qu’aux seuls Musulmans d’acheter des esclaves ; toutefois quelques-uns de ces malheureux captifs sont achetés par des chrétiens pour être mis en liberté. On se sert pour cela du nom et de l’intermédiaire d’un Musulman ; il est arrivé que la charité a été trompée, et souvent une femme de mauvaise vie s’est entendue avec un marchand pour se mettre à la place de l’esclave qu’on voulait délivrer. J’ai fait souvent une triste remarque, c’est qu’une vertu ne peut paraître dans ce monde sans qu’un vice ne se glisse à sa suite, pour en tirer parti.

Je vous ai parlé dans plusieurs de mes lettres des contrastes perpétuels qu’on observe dans les mœurs des Turcs ; à la porte du bazar des esclaves, on expose, dans des cages, des oiseaux que les passans achètent pour les délivrer de leur prison ; j’ai acheté quelques-uns de ces oiseaux, qu’on appelle azad couchry, et je leur ai rendu la liberté en présence de la foule qui criait : pekei, pekei ! très-bien, très-bien ! Vous voyez qu’au lieu même où l’humanité semble bannie de tous les cœurs, on court encore après son image.

Dans le bazar des esclaves que nous avons visité, on n’expose que des femmes et des enfans ; il existe dans le quartier des Sept-Tours un marché pour les hommes ; mes courses ne m’y ont