Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/419

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potisme oriental a toujours aimé à s’entourer d’esclaves ; les sujets qu’il préfère sont ceux qu’il achète et qu’il fait venir de loin, qui n’ont point de racines dans le pays, point d’attachement, point de lien, et qui n’ont d’autre cause à défendre que la sienne, d’autre habitude que celle de lui obéir. Aussi l’histoire d’Orient nous montre-t-elle presque toujours les grands monarques confiant à des esclaves la garde de leur personne et même le soin de gouverner ou de contenir les peuples. Souvent les esclaves sont ainsi devenus les maîtres, et les empires ont changé de face, comme on l’a vu en Égypte, où les sultans avaient été remplacés par les mamelukes. La dynastie ottomane n’a point eu le sort des autres dynasties d’Orient, mais la Turquie n’en a pas moins été livrée de tout temps à l’influence des esclaves. Sans remonter à des époques éloignées, ne voit-on pas encore aujourd’hui des ministres tout-puissans qui, dans leur jeunesse, ont été achetés au bazar ; combien de pachas, combien d’officiers de l’armée ont été amenés comme captifs des côtes de la Mer-Noire ou des rivages de l’Afrique ; je ne vous rappellerai point quel crédit ont eu quelquefois les Eunuques blancs ou noirs, ce qu’ils ont été et ce qu’ils sont encore à la cour du prince. Vous voyez quels rangs occupent dans ce pays les esclaves ou si vous le voulez les affranchis, vous voyez quels intérêts on leur confie, à quels honneurs ils peuvent prétendre. Que