Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/45

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croulent. On veut reprendre la force qu’on a perdue, on veut retrouver les jours d’une gloire éclipsée, mais les abus qui ont amené le mal subsistent encore ; au lieu d’aller au fond des choses, et de pénétrer dans la plaie pour la guérir, on s’arrête à la superficie, on s’en tient aux apparences, et je crains bien que les réformes tentées pour renouveler le vieil empire d’Otman, ne ressemblent à l’application d’une couche de chaux sur un édifice tombant en ruines.

Quand nous sommes arrivés aux Dardanelles, on n’y connaissait point encore la prise d’Alger ; les vents du nord n’avaient permis à aucun navire de remonter l’Hellespont et d’apporter la nouvelle qu’on avait déjà reçue par terre à Constantinople. Un cutter anglais se morfondait depuis quinze jours devant Ténédos, sans pouvoir devancer la renommée qui cette fois avait pris la route de terre ; c’est une frégate française, venant de Stamboul, qui nous a appris que le général Bourmont était entré dans Alger le 5 juillet. Dans un dîner chez le consul de France, nous avons porté plusieurs toasts à la gloire de notre armée et de ses illustres chefs. Cette nouvelle a produit parmi les Turcs une très-grande sensation ; les plus fanatiques ne veulent pas y croire ; ceux qui ne refusent pas d’y ajouter foi disent entr’eux que si les Français sont entrés dans Alger, ce ne peut être que d’après la permission expresse du sultan Mahmoud. Ma joie serait com-