Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/49

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Quels contrastes nous offrent ici les choses humaines ! quel spectacle que celui que nous montre un potentat d’Asie ouvrant à son armée innombrable un chemin sur les flots de l’Hellespont, et peu de temps après le grand roi repassant le détroit dans un frêle navire et débarquant presque seul sur la rive où nous sommes ! Cette partie du canal fut presque toujours le chemin des conquérans et des armées qui venaient d’Europe en Asie et d’Asie en Europe ; la Perse passait par ce chemin pour aller conquérir la Grèce ou la Thrace, et la Grèce a son tour suivait la même route pour envahir l’Asie. L’armée d’Alexandre traversa la mer sur une flotte, dans l’endroit même où Xerxès avait fait construire un pont. Les barbares qui ont passé par là, après les Perses et les Macédoniens, n’ont pas eu des historiens comme Hérodote et Quinte-Curce ; aussi le souvenir de leurs expéditions est-il resté confus et presque ignoré. Nous ne suivrons point ici les traces des Turcs, ni même celles des croisés qui, au rapport du maréchal de Champagne, s’arrêtèrent à Abydos qu’ils appelaient Avie, et prirent dans cette cité, encore florissante à cette époque, les vivres dont ils avaient besoin.

Si cette rive a ses souvenirs historiques, la poésie y retrouve aussi ses traditions qui sont plus populaires. Quel est le voyageur ou le marin qui, en passant devant la pointe dé Niagara, ne prononce les noms de deux amans célébrés par