Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/51

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l’Aurore naissante, et sa peau blanche et vermeille était comme une prairie de roses nouvelles. Le temple qui entendit les tendres aveux des deux amans, s’élevait là-bas sur cette côte jaunâtre où croissent maintenant les bruyères et l’olivier sauvage. Voilà près de nous la rive d’où l’aimable Léandre partait chaque soir, et où il revenait chaque matin. Mais le bonheur des deux amans devait finir, car il était soumis à l’inconstance des flots et des vents. Une nuit d’hiver, tandis que la tempête grondait sur l’Hellespont, le jeune homme d’Abydos voulut braver les vagues, en courroux ; mais la mer était affreuse, les vents violens, avaient éteint le flambeau de la tour, et l’amant infortuné, malgré ses prières à Vénus, à Neptune, à l’époux d’Orithie, fut englouti sous l’onde. Au lever de l’aurore, la prêtresse éplorée chercha son époux sur les rives du détroit. Ô douleur ! elle vit au pied de la tour le corps de Léandre déchiré par les pointes des rochers, et poussée par son désespoir, elle se précipita dans les flots.

Le poème de Musée, dont je vous donne à peine une faible idée, est une production pleine de grâce et de naturel, sans aucun mélange de mauvais goût et d’affectation. Les savans ont agité la question de savoir si ce poème devait être attribué à Musée, disciple d’Orphée, ou bien à un poète de ce nom, de l’école d’Alexandrie, qui vivait dans les premiers siècles de notre ère. Il suffit de con-