Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/55

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un cyprès mélancolique, un marbre sépulcral appelé l’oreiller du fantôme du pirate..

J’ose à peine le dire, mais après avoir lu tout cela, on n’aura nulle envie de chercher les traces de Zuleika et de Sélim sur les rives de Sestos et d’Abydos. Le poème de la Fiancée d’Abydos renferme pourtant des beautés du premier ordre ; Musée avait à peindre la simplicité des mœurs antiques ; il y a parfaitement réussi ; les mœurs d’un autre siècle et d’un autre peuple se présentaient à la muse du poète anglais. S’il n’a pas retracé fidèlement les mœurs des Turcs, s’il a méconnu leur histoire, il nous a montré du moins, avec une énergique vérité, les passions et les crimes de l’ambition ; dans ses peintures sombres, on reconnaît quelquefois en frémissant la physionomie du remords, de la rage et du désespoir. C’est l’expression, de ces sentimens violens qui a fait la gloire de lord Byron. Heureux le poète qui a connu quelque chose du cœur de l’homme, et qui nous l’a montré dans une poésie brillante et harmonieuse ! Celui qui a connu les passions humaines, n’a pas toujours besoin d’ouvrir de poudreuses annales, et d’étudier au loin le globe et ses habitans.

La lecture que nous venons de faire sous notre grand noyer, me rappelle une époque où toute notre littérature française semblait avoir les regards tournés vers Abydos ; c’était à qui célébrerait les amours de Héro et de Léandre. Vous ne vous sou-