Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/68

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forme une petite enceinte que les Grecs appellent mandra ; à l’entrée de cette enceinte ou de ce réduit arrangé en forme circulaire, se trouvent deux bancs sur lesquels sont assis deux bergers ; les brebis, comme si on eût fait un appel à chacune d’elles, se présentent deux à deux devant les pâtres chargés d’extraire leur lait ; puis elles se retirent pour faire place à d’autres ; cette opération se renouvelle chaque soir, et tout se passe dans le plus grand ordre. Les brebis y sont tellement accoutumées que les pasteurs n’ont qu’à paraître, et n’ont jamais besoin de donner de signal ni d’appeler à leur aide la vigilante intelligence de leurs chiens fidèles.

Nous avons pu visiter à notre aise la cour et le jardin du tchiflik ; la cour d’une ferme turque n’a point l’aspect animé de nos fermes de la Brie et de la Beauce ; un colombier, quelques poules, un troupeau d’oies, voilà tout ce que nous avons vu dans la basse cour ; je dois vous dire toutefois qu’on ne trouve point autour d’un tchiflik ces tas de fumier et ces eaux croupissantes qu’on a coutume de voir autour de nos fermes et de nos chaumières. Un jardin dans ce pays, n’est autre chose qu’un petit enclos où croissent quelques citrouilles, quelques pastèques, des choux, des figuiers, des amandiers ; les légumes, les fleurs, les arbres, tout y est confondu, et jeté pêle-mêle avec des herbes sauvages et des chardons étoilés que personne ne s’occupe jamais d’extirper. Une tête de cheval montre ses ossemens blanchis