Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/69

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sur les haies du jardin ; rien n’est plus commun dans ces contrées que de voir la tête d’un cheval mort, plantée sur un pieu ou suspendue à un arbuste ; cette espèce de dieu therme marque les limites de la propriété, en même temps qu’il devient un épouvantail pour les oiseaux et les animaux malfaisans.

Le tchiflik ou la ferme turque offre, en général, un aspect triste et quoiqu’il soit habité, il laisse dans l’esprit les impressions que nous donne la solitude. On n’y voit qu’un maître qui commande, et des esclaves qui obéissent en silence. Ce qui manque surtout à ces fermes d’Orient, c’est une fermière qui veille au soin de la basse-cour, au soin de l’étable, une fermière qui soit comme la Providence des foyers domestiques, et qui fasse régner autour d’elle l’ordre, la propreté et l’économie ; l’agriculture et la vie des champs exigent des soins et des travaux qui sont le partage naturel des femmes ; or, ces soins et ces travaux des champs ne sont pas toujours compatibles avec la vie solitaire et inactive des harems. Les femmes musulmanes, retirées dans un coin du tchiflik, ne s’occupent de rien, et sont là comme des recluses ou des étrangères dont la présence n’anime jamais les travaux de la moisson ni les autres occupations champêtres. On est obligé d’employer des femmes grecques, des femmes mercenaires qui ne prennent qu’un faible intérêt à la surveillance de la maison, et ne portent