Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/71

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il en est deux auxquels les travaux et les mœurs agricoles sont encore plus étrangers qu’aux Musulmans ; je ne crois pas qu’un Israélite ait manié une pioche ou conduit une charrue, depuis que le peuple d’Israël a perdu les riches vallées d’Éphrahim et les fertiles plaines de Saron et d’Esdrélon. D’un autre coté, les Arméniens, qui se livrent à toutes sortes de métiers dans les villes, ne s’occupent point des soins de la culture et des travaux de la campagne ; ainsi, les Grecs sont les seuls par qui la terre soit remuée et fertilisée ; tous les pays que nous venons de voir sur les côtes de l’Hellespont ne sont cultivés que par des Grecs sous l’indolente surveillance des Turcs.

Tous ceux qui travaillent au tchiflik de Bergassi y ont un logement ou un abri ; je vous ai dit plus haut qu’il n’y avait dans la ferme que deux Turcs ; et que tout le reste était Grec ; les deux Turcs ont chacun leurs harems ; plusieurs des Grecs sont mariés, et leurs femmes sont employées au service de la maison. Chaque serviteur peut avoir son petit jardin, élever quelques poules, même quelques brebis ; tous les Grecs que nous ayons vus se plaignent d’être mal nourris et condamnés à un travail souvent au-dessus de leurs forces. Ils confiaient leurs peines à ceux d’entre nous qui entendent le grec moderne ; ils en parlaient même assez haut en présence des Turcs qui ne les entendaient pas, car ceux-ci dédaignent d’apprendre la langue d’un peu-