Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/85

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place de ce monument dans un endroit plus éloigné de la ville.

Notre promenade qui n’avait point d’objet déterminé, nous a ramenés vers la rive de l’Hellespont ; nous avons remarqué sur un lieu élevé au bord de la mer une grande quantité de marbres ou de pierres blanches qui couvraient le sol. En nous approchant de ce lieu, nous avons reconnu le cimetière turc de Lampsaque, séparé en deux parties par un chemin : on n’aperçoit dans cette triste enceinte ni fleur ni cyprès, aucun de ces ombrages qui font le charme et l’ornement de la contrée. Nous nous sommes assis un moment sur un des tombeaux ; nous n’entendions autour de nous que le bruit monotone de la mer ; le soleil à son déclin dorait les socles des cercueils : nous avions cherché toute la journée les ruines des temples et des palais ; toutes ces ruines étaient rassemblées sous nos yeux dans ce champ des morts.

Nous sommes rentrés dans Lampsaque du côté des jardins ; ce quartier de la ville n’a point de maison qui n’offre dans ses murailles extérieures quelques débris de l’antiquité, mais la présence d’un étranger est pour les habitans un sujet d’inquiétude. L’entrée de la mosquée est ornée de quatre petites colonnes de marbre blanc ; cet édifice paraît construit sur les ruines d’une forteresse ; on voit encore des restes d’une épaisse muraille, qui devait servir de rempart à la ville ou à l’Acropolis.