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MICHEL-ANGE.

telle que, si le jour du Jugement était arrivé et que vous l’eussiez vu en personne, vos paroles ne sauraient mieux le dépeindre. Pour ce qui est de répondre à mes lettres, je vous en exprime non seulement ma gratitude, mais je vous supplie de le faire encore, alors que les rois et les empereurs estiment pour souveraine faveur que votre plume les nomme. Par ainsi, s’il est quelque chose de moi qui vous soit agréable, je vous l’offre de tout cœur. Mais si vous dites que vous ne voulez venir à Rome que pour y voir la peinture que je fais, je vous prie de renoncer à ce projet, car il serait excessif. Je me recommande à vous.

0000(Coll. B. Pino.)



XXIX

À messer Niccolo Martelli, à Florence.
Rome, 20 janvier 1542.0000

0000Messer Niccolo,

J’ai reçu par messer Vincent Perini une lettre contenant deux sonnets et un madrigal. La lettre et le sonnet qui me sont adressés sont choses admirables, à ce point que l’auteur le plus châtié ne pourrait trouver raison de les châtier encore. Vos écrits, il est vrai, me réservent tant de louanges que, si je portais le paradis dans mon sein, elles seraient plus que suffisantes. Vous vous êtes imaginé, je le vois bien, que je suis un homme tel que Dieu a voulu que je fusse. Je ne suis qu’un pauvre homme et de peu de valeur, qui va se fatiguant dans l’art que Dieu m’a permis de connaître pour allonger la vie le plus qu’il me sera possible. Mais, qui que je sois, je reste votre serviteur et celui de toute la maison des Martelli. Je vous remercie de votre lettre et de vos sonnets, mais non assez pour ne point rester votre obligé. Je ne saurais atteindre à assez haute courtoisie, et je suis pour toujours vôtre.

0000(Bibl. Nat. de Florence.)



XXX

À messer Luigi del Riccio [1], à Rome.
Rome, 1542.0000

… J’ai envoyé ce madrigal, il y a quelque temps, à Florence. Aujourd’hui, l’ayant refait plus convenablement, je vous l’envoie pour que, si tel est votre plaisir, vous le jetiez au feu, — je veux dire à celui qui me brûle. Je voudrais de vous une autre faveur, et ce serait celle de me tirer d’une certaine

  1. Un des quatre amis que Michel-Ange fréquentait intimement à Rome, et qui s’appelaient Sebastiano del Piombo, Donato Giannotti, Tommaso dei Cavalieri et ce même Luigi del Riccio qui devait mourir à Lyon, pendant un voyage qu’il fit en France, vers le mois de novembre 1546.