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Voici comment étaient traités les prisonniers du 22 janvier et ceux qui ayant été transférés à Vincennes ne purent être délivrés avec Flourens.

« Les malheureux, dit Lefrançais, qui avaient été transférés à Vincennes y restèrent huit jours sans feu, il neigeait par les fenêtres de la salle du donjon où ils étaient enfermés, couchés pêle-mêle sur une surface d’à peu près 150 mètres carrés et littéralement dans la fange la plus immonde.

» L’un d’eux, le citoyen Tibaldi détenu pour le 31 octobre et qui avait enduré toutes sortes de tortures physiques et morales à Cayenne où l’Empire l’avait tenu pendant treize ans, déclarait qu’il n’avait jamais rien vu de semblable.

» Après avoir été transportés de Vincennes à la Santé où ils restèrent quinze jours dans des cellules sans feu et dont les murs suintaient l’eau (à ce point que ni le linge ni la literie n’y pouvaient demeurer secs), ils furent conduits à Pélagie où ils durent attendre encore deux mois le jugement des conseils de guerre.

» Parmi les détenus du 22 janvier était Delescluze arrêté et jeté, lui aussi, dans cet enfer. Seulement comme rédacteur en chef du Réveil qu’on venait de supprimer, Deslescluze âgé de soixante-cinq ans, débile, déjà atteint d’une bronchite aiguë, sortit mourant de prison ; aux élections du 8 février suivant on l’envoya à l’assemblée législative à Bordeaux.

» Un ouvrier, le citoyen Magne avait été arrêté au moment où il rentrait chez lui, sortant de son atelier.

» Déjà malade, il mourut un mois après à Pélagie, victime du traitement qu’il avait enduré. »

(G. Lefrançais, Étude du mouvement communaliste. 1871.)

Dans la soirée du 22 janvier avait été affiché le décret suivant qui fermait les clubs dans Paris.

« Le Gouvernement de la défense nationale