Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

envoyèrent également dans les forts, une foule de jeunes gens absolument inutiles, ignorantins et petits crevés, qui criaient leurs craintes tandis que les forts regardaient de vivre ; — les unes et les autres, nous nous empressâmes de donner nos démissions, cherchant à nous employer plus utilement ; — j’ai retrouvé l’an dernier l’une de ces braves ambulancières, madame Gaspard.

Les ambulances, les comités de vigilance, les ateliers des mairies où, surtout à Montmartre, mesdames Poirier, Escoffon, Blin, Jarry trouvaient moyen que toutes eussent un salaire également rétribué.

La marmite révolutionnaire où pendant tout le siège madame Lemel, de la chambre syndicale des relieurs, empêcha je ne sais comment tant de gens de mourir de faim, fut un véritable tour de force de dévouement et d’intelligence.

Les femmes ne se demandaient pas si une chose était possible, mais si elle était utile, alors on réussissait à l’accomplir.

Un jour il fut décidé, que Montmartre n’avait pas d’ambulances, alors avec une amie de la société d’instruction élémentaire toute jeune à cette époque, nous résolûmes de la fonder. C’était Jeanne A., depuis Madame B.

Il n’y avait pas un sou, mais nous avions une idée pour faire les fonds,

Nous emmenons avec nous un garde national, de haute taille, à la physionomie d’une gravure de 93, — marchant devant la baïonnette au fusil. Nous, avec de larges ceintures rouges, tenant à la main des bourses faites pour la circonstance, nous partons tous les trois, chez les gens riches, avec des visages sombres. — Nous commençons par les églises, le garde national marchant dans l’allée en frappant son fusil sur les dalles, nous, prenant chacune un côté de la nef,