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la Caricature, de Pilotelle, étaient suspendus depuis le 12 mars.

Les affiches remplaçaient les journaux, et les soldats alors, défendaient contre la police celles où on leur disait de ne point égorger Paris, mais d’aider à défendre la République.

M. Thiers, le mauvais génie de la France, ayant le 10 mars terminé ses pérégrinations, Jules Favre lui écrivit l’incroyable lettre suivante.

« Paris. 10 mars 1871, minuit.

» Cher président et excellent ami, le conseil vient de recevoir avec une grande joie la bonne nouvelle du vote de l’assemblée.

» C’est à votre infatigable dévouement qu’il en renvoie l’honneur, il y voit un motif de plus de reconnaissance envers vous, je m’en réjouis à tous les points de vue, il est le gage de votre union avec l’assemblée, vous ramène à nous et vous permet enfin d’aborder l’accomplissement de nos différents devoirs.

» Nous avons à rassurer et défendre notre pauvre pays, si malheureux, et si profondément troublé. Nous devons commencer par faire exécuter les lois. Ce soir nous avons arrêté la suppression de cinq journaux qui prêchent chaque jour l’assassinat : Le Vengeur, le Mot d’Ordre, la Bouche de fer, le Cri du Peuple et la Caricature.

» Nous sommes décidés à en finir avec les redoutes de Montmartre et de Belleville et nous espérons que cela se fera sans effusion de sang.

» Ce soir, jugeant une seconde catégorie des accusés du 31 octobre, le conseil de guerre a condamné par contumace Flourens, Blanqui, Levrault à la peine de mort, Vallès présent à six mois de prison.

» Demain matin je vais à Ferrière m’entendre avec l’autorité prussienne sur une foule de points de détail.