Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/194

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une lettre ou dépêche adressée au général Flourens.

» Jusque-là il avait été traité avec certains égards, mais alors la scène changea.

» Tous se mirent à l’insulter en criant : — C’est Flourens, nous le tenons, cette fois il ne nous échappera pas.

» Au même instant arrivait un capitaine de gendarmerie à cheval. Ayant demandé quel était cet homme, on lui répondit en poussant des cris sauvages : C’est Flourens.

» Celui-ci se tenait debout fier, sa belle tête découverte, les bras croisés sur la poitrine.

» Le capitaine de gendarmerie avait Flourens à sa droite, il le dominait de toute sa hauteur et lui adressant la parole d’un ton brusque et arrogant il demanda :

» — C’est vous Flourens ?

» — Oui, dit-il.

» — C’est vous qui avez blessé mes gendarmes.

» — Non, répondit encore Flourens.

» — Menteur, vociféra ce gredin, et d’un coup de sabre appliqué avec l’habileté d’un bourreau il lui fendit la tête en deux, puis partit au grand galop.

» L’assassin de Flourens se nommait le capitaine Desmarets.

» Flourens se débattait à terre affreusement, un gendarme en ricanant dit : — C’est moi qui vais lui faire sauter la cervelle, — lui ayant appliqué le canon de son fusil dans l’oreille, Flourens resta immobile, il était mort.

» Ici je devrais m’arrêter, mais bien d’autres outrages attendaient à Versailles le cadavre de ce grand penseur révolutionnaire, si je ne les avais vus de mes propres yeux, je n’y croirais pas.

» Il est donc indispensable que je conduise le lecteur à Versailles, la ville infâme et maudite, pour raconter