Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/232

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même la garde devant quelques rues, tout comme devant la banque, si bien que nombre de ces lâcheurs qui avaient fui, sentant Paris en péril, revenaient de province ou tout simplement de Versailles ; l’insulte à la bouche, ils pouvaient offrir l’hospitalité aux espions du gouvernement, bientôt il y en eut des bandes.

Quelques-uns, ayant élu domicile dans des maisons de plaisir, durent être recherchés par les commissaires de la Commune qui, grâce à la complicité des femmes de ces maisons, ne trouvèrent pas les espions qui y étaient cachés et furent en revanche, les objets d’accusations calomnieuses.

Quelques décisions furent exécutées, la colonne Vendôme renversée mais les morceaux conservés, de sorte qu’elle fut depuis rétablie afin que, devant ce bronze fatidique, la jeunesse pût s’hypnotiser éternellement du culte de la guerre et du despotisme.

Peut-être en y gravant les dates des hécatombes, on atténuait ce fatidique entraînement.

L’échafaud avait été brûlé, dénoncé à l’indignation publique par une commission composée de Capellaro, David, André Idjiez, Dorgal, Faivre, Périer, Colin.

Le 6 avril, à dix heures du matin, la honteuse machine à boucherie humaine, avait été brûlée. C’était une guillotine toute neuve, remplacée maintenant par plusieurs autres, plus neuves encore. On en doit user, à l’usage fréquent qui en est fait, plus qu’on en usa jamais.

Les quatre dalles maudites arrachées ont également repris leur place.

Une petite vieille toute tremblotante avait été envoyée par un mauvais plaisant, ce matin-là, pour brûler un dernier cierge à l’abbaye de Monte à regret et, tenant le cierge dans sa main, elle s’enquérait de l’abbaye quand elle comprit, aux rires dont on l’accueillait, qu’on s’était joué de sa crédulité.