Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mission de La Cecillia dont je devais lui rapporter la réponse.

À peu près à moitié chemin, je rencontre trois ou quatre gardes nationaux qui après m’avoir examinée s’approchent de moi.

— Nous vous arrêtons, me dit l’un d’eux. Évidemment j’avais quelque chose de suspect ; je pensais que c’étaient mes cheveux courts, passant sous mon chapeau, et qu’ils prenaient pour une coiffure d’homme.

— Où voulez-vous être conduite ?

Je crois qu’ils prononcèrent conduit.

— À l’Hôtel-de-Ville, puisque vous voulez bien conduire vos prisonniers où ils veulent.

Le brave homme qui m’interrogeait rougit de colère.

— Nous allons bien voir, dit-il.

Nous nous mettons en chemin, eux m’examinant toujours, moi très grave, tout en m’amusant beaucoup.

Une fois devant la grille, celui qui m’avait déjà parlé me dit :

— À propos, comment vous appelez-vous ?

Je lui dis mon nom.

— Ah ! cela c’est impossible, dirent-ils tous les trois, nous ne l’avons jamais vue, mais ce n’est pas elle, bien sûr, qui se chausse comme ça !

Je regarde, j’avais mes godillots que le matin j’avais oublié de changer pour des bottines, et qui passaient sous ma robe.

Eh bien si ! pourtant c’était bien moi.

Et tout en les remerciant de leur bonne opinion je pus les assurer qu’elle n’était pas justifiée. J’avais suffisamment de papiers pour ne pas leur laisser le moindre doute. — Ils m’avaient prise en effet pour un homme déguisé en femme, grâce aux godillots qui faisaient un effet particulier sur les trottoirs.

La seconde fois, je ne sais plus si c’était à l’Hôtel-