Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/264

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La prédiction s’est réalisée, il y eut pire que juin et décembre, la faute en fut aux fatalités réunies de la trahison bourgeoise, et de la connaissance trop imparfaite pour les chefs de l’armée de la Commune, du caractère des combattants et des circonstances de la lutte.

Dans l’alternative, tout pouvait servir aussi bien une véritable armée disciplinée, telle que la voulait Rossel, que l’armée de la révolte telle que la voulait Delescluze, les fanatiques de la liberté eussent trouvé beau pour vaincre de s’astreindre à la discipline de fer, il fallait les deux armées, l’une d’airain, l’autre de flamme.

Rossel ignorait ce qu’est une armée d’insurgés ; il avait la science des armées régulières.

Les délégués civils à la guerre ne connurent que la grandeur générale de la lutte, aller en avant offrant sa poitrine ; levant la tête sous la mitraille, c’était beau, mais les deux étaient nécessaires contre tels ennemis que Versailles.

Dombwroski parfois eut les deux.

Dans un ordre à l’armée, Rossel s’exprima ainsi.

« Il est défendu d’interrompre le feu pendant un combat, quand même l’ennemi lèverait la crosse en l’air ou arborerait le drapeau parlementaire.

» Il est défendu sous peine de mort de continuer le feu après que l’ordre de le cesser a été donné, ou de continuer à se porter en avant lorsqu’il a été prescrit de s’arrêter. Les fuyards et ceux qui resteront en arrière isolément seront sabrés par la cavalerie, s’ils sont nombreux ils seront canonnés ; les chefs militaires ont pendant le combat tout pouvoir pour faire marcher et faire obéir les officiers et soldats placés sous leurs ordres. »

Si ce même ordre eût été donné de manière à faire comprendre qu’il s’agissait d’assurer la victoire, ceux qu’il froissait l’eussent accepté. Certes les révoltés ne