Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/291

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Les flots rauquent, jetant aux rochers comme à l’escalade leurs griffes blanches d’écume.

L’océan soulevé par des forces terribles, est précipité dans les gouffres comme si des bras immenses le prenaient et le rejetaient ainsi que la pâte au pétrin, et avec ces forces terribles se développent des puissances inconnues, le flot du sang monte plus large au cœur, ramenant toutes ces confuses choses de l’abîme et du lointain passé, qu’on revit dans les éléments déchaînés.

Dans la lutte implacable de Paris, l’impression était la même, mais c’était en avant qu’elle emportait le cœur dans le lointain devenir du progrès.

Peut-être avons-nous ainsi vécu les transformations éternelles.

Attirées par le carnage et suivant l’armée régulière, on vit lorsque la Commune fut morte, apparaître un peu avant les mouches des charniers, ces goules remontant, elles aussi, au lointain passé, peut-être tout simplement folles, ayant la rage et l’ivresse du sang.

Vêtues avec élégance, elles rôdaient à travers le carnage, se repaissant de la vue des morts, dont elles fouillaient du bout de leur ombrelle les yeux sanglants.

Quelques-unes, prises pour des pétroleuses, furent fusillées sur le tas avec les autres.


II

la curée froide

Paris sanglant, au clair de lune,
Rêve sur la fosse commune.

(Victor Hugo.)


Au chenil les soirs de chasse, après la curée chaude sur le corps pantelant de la bête égorgée les valets de