Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/292

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meutes jettent aux chiens du pain trempé de sang ; ainsi fut offerte par les bourgeois de Versailles, la curée froide aux égorgeurs.

D’abord la tuerie en masse, avait eu lieu quartier par quartier à l’entrée de l’armée régulière, puis la chasse au fédéré, dans les maisons, dans les ambulances, partout.

On chassait dans les catacombes avec des chiens et des flambeaux, il en fut de même dans les carrières d’Amérique, mais la peur s’en mêla.

Des soldats de Versailles, égarés dans les catacombes, avaient pensé périr.

La vérité est qu’ils avaient été guidés pour en sortir par le prisonnier qu’ils venaient de faire, et que n’ayant pas voulu le livrer en retour, pour être fusillé, ils lui avaient laissé la vie : ce qu’ils tinrent secret : leurs maîtres, les eussent eux-mêmes punis de mort. Ils répandirent sur les catacombes d’épouvantables récits.

Le bruit ayant d’un autre côté couru que des fédérés armés se cachaient dans les carrières d’Amérique, l’ardeur se ralentit pour ces chasses, dont celles du fox en Angleterre donnent assez la marche. La bête parfois regarde passer les chiens et les chasseurs, d’autres fois on l’a vue, elle semble paresseuse à se lancer en avant, pour subir sur elle la chaude haleine des chiens ; le dégoût prenait ainsi les hommes pourchassés.

Quelques-uns en paix moururent de faim, rêvant de liberté.

Les officiers de Versailles, maîtres absolus de la vie des prisonniers, en disposaient à leur gré.

Les mitrailleuses étaient moins employées qu’aux premiers jours ; il y avait maintenant quand le nombre de ceux qu’on voulait tuer surpassait dix, des abattoirs commodes, les casemates des forts qu’on fermait, une fois les cadavres entassés, le bois de Boulogne, ce qui en même temps procurait une promenade.