Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/330

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jamais que parlé dans les réunions publiques ; il avait demandé pour éviter des ennuis à sa femme à régulariser son mariage avant l’exécution. Cette demande lui ayant été accordée, ils attendirent ensemble l’heure au poste près duquel il devait être passé par les armes, sans qu’aucun détail de l’exécution échappât à la malheureuse femme.

Nous eûmes aussi connaissance de la mort de certaines gens partisans de Versailles tombés avec les autres à l’abattoir du Châtelet. Là aussi on fusilla des hommes restés chez eux, parce que leurs femmes passaient pour favorables à la Commune. Ainsi fut assassiné monsieur Tynaire.

L’une des femmes qui le plus avaient penché pour les moyens de conciliation entre Paris et Versailles, madame Manière, fut la dernière arrestation que je vis à la correction avant mon transfèrement à la prison d’Arras.

Un matin on m’appela au greffe ; je réclamais depuis longtemps ma mise en jugement, pensant qu’une exécution de femme pourrait perdre Versailles ; je m’imaginais être appelée pour quelque formalité à ce sujet, c’était pour mon départ à la prison d’Arras ; on me jugerait quand on aurait le temps, j’étais punie d’abord.

J’ai pensé pendant longtemps, que cette noirceur était due à Massé ; j’ai su depuis que c’était au vieux Clément.

En partant, j’écrivis une protestation sur le livre du greffe et je recommandai qu’on voulût bien prévenir ma mère qui devait venir me voir le lendemain, jour de visites. On était en novembre, et l’hiver vint de très bonne heure cette année-là ; il y avait de la neige déjà depuis plusieurs jours.

On oublia de la prévenir, et elle se sentit pendant plusieurs années du froid qu’elle avait éprouvé pen-