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À Versailles, je rencontrai à la gare Marie Ferré, pâle comme une morte, sans larmes, elle venait réclamer le corps de son frère.

Les gendarmes qui m’accompagnaient furent destitués pour nous avoir laissées communiquer ensemble Marie et moi.

Le journal la Liberté du 28 novembre raconte ainsi l’exécution de Satory.

Les condamnés sont vraiment très fermes. Ferré adossé à son poteau jette son chapeau sur le sol ; un sergent s’avance pour lui bander les yeux, il prend le bandeau et le jette sur son chapeau. Les trois condamnés restent seuls, les trois pelotons d’exécution qui viennent de s’avancer font feu.

Rossel et Bourgeois sont tombés sur le coup ; quant à Ferré, il est resté un moment debout et est tombé sur le côté droit.

Le chirurgien-major du camp, M. Dejardin se précipite vers les cadavres ; il fait signe que Rossel est bien mort et appelle les soldats qui doivent donner le coup de grâce à Ferré et à Bourgeois.

La Liberté.
28 novembre 1874.

Une lettre adressée par Ferré à sa sœur quelques instants avant de mourir était ainsi conçue.

Maison d’arrêt cellulaire de Versailles, no 6. Mardi 28 novembre 1871, cinq heures et demie du matin.
Ma bien chère sœur,

Dans quelques instants je vais mourir. Au dernier moment ton souvenir me sera présent ; je te prie de demander mon corps et de le réunir à celui de notre malheureuse mère.

Si tu peux, fais insérer dans les journaux l’heure de mon inhumation, afin que des amis puissent m’accom-