Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/359

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L’un d’eux, à la tête toute blanche, jeta un cri, que je crus reconnaître pour celui de : Vive la Commune ! malgré le roulement plus rapide de la voiture, qu’un violent coup de fouet avait enlevée.

La nuit, nous arrivâmes à Paris ; on couchait dans la voiture cellulaire.

Le mercredi, vers quatre heures de l’après-midi, nous étions à la maison d’arrêt de La Rochelle.

La Comète nous transporta de La Rochelle à Rochefort, où nous montâmes à bord de la Virginie.

Des barques amies avaient tout le jour accompagné la Comète ; de ces barques, on nous saluait de loin, on répondait comme on pouvait, agitant des mouchoirs ; je pris mon voile noir pour leur dire adieu, le vent ayant emporté mon mouchoir.

Pendant cinq ou six jours on côtoya les côtes, puis plus rien. Vers le quatorzième jour, disparurent les derniers grands oiseaux de mer, deux nous accompagnèrent quelque temps encore.

Nous étions, dans les batteries basses de la Virginie, Une vieille frégate de guerre à voiles, belle sur les flots.

La plus grande cage de tribord arrière était occupée par nous, et les deux petits enfants de madame Leblanc ; le garçon de six ans, la fille de quelques mois, née à la prison des Chantiers.

Dans la cage en face de la nôtre étaient Henri Rochefort, Henri Place, Henri Ménager, Passedouet, Wolowski, et un de ceux qui n’ayant rien fait, furent tout de même déportés et qui s’appelait Chevrier.

Il était expressément défendu de se parler de cage à cage, mais on le faisait tout de même.

Rochefort et madame Lemel commencèrent à être malades, dès le premier instant et finirent au dernier ; Il y en eut, parmi nous qui le furent aussi, mais aucune pendant tout le voyage ; pour moi, j’échappais au mal