Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/401

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Bonhomme, bonhomme,
Il est temps que tu te réveilles !

Que de souvenirs, que de choses à se raconter !

Comme on pensait à ceux qui dorment sous la terre.

On nous conduisit au club de Rose Street, les camarades anglais, allemands, russes, nous souhaitèrent la bienvenue et nous accompagnèrent jusqu’à la gare de New Haven, — les amis de Londres payant notre voyage que le consul n’avait pris aux frais de son gouvernement que jusqu’à Londres où s’arrêtait le John Helder.

À Dieppe nous trouvâmes Marie Ferré, avec madame Bias, vieille amie de Blanqui, puis à Paris la foule, la grande foule houleuse qui se souvient.

Je revis ma mère, mon vieil oncle, ma vieille tante — ceux qui ne connaissent pas les révolutionnaires s’imaginent qu’ils n’aiment pas les leurs, parce qu’ils les sacrifient toujours à l’idée, ils les aiment bien plus au contraire de toute la grandeur du sacrifice.

Une vie révolutionnaire renaissait, l’idée aussi grandissait de toutes les douleurs souffertes.

Nous qui avions été à la presqu’île six anarchistes, nous trouvions des groupes ayant fait le même chemin, il n’y avait nul besoin que M. Andrieux imaginât pour nous perdre de faire un journal anarchiste. Ce qui est tout de même un drôle de moyen pour un homme intelligent. Nous aurions sans cela mis nos idées à jour.

Aujourd’hui que vingt-six ans ont passé sur l’hécatombe à travers la misère et l’écrasement de plus en plus terribles des travailleurs sous la force, nous voyons de plus en plus proche le monde nouveau.

Comme la vigie habituée à distinguer au loin dans les nuées le grain qui sera la tempête, nous reconnaissons ce que déjà nous avons vu.

Il est impossible de dire dans les quelques feuilles