Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/76

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La République ! c’était comme une vision de rêve ! Elle allait donc venir ?

Les sabres des sergents de ville volent en l’air, les grilles sont brisées, la foule et les gardes nationaux entrent au corps législatif.

Le bruit des discussions se répand jusqu’au dehors, coupé de temps à autre par le cri : Vive la République ! Ceux qui sont entrés jettent par les fenêtres, des papiers sur lesquels sont les noms proposé des membres du gouvernement provisoire.

La foule chante la Marseillaise. Mais l’Empire l’a profanée, nous, les révoltés, nous ne la disons plus.

La chanson du Bonhomme passe coupant l’air avec ses refrains vibrants :

Bonhomme, bonhomme
Aiguise bien ta faux !


nous sentons que nous-mêmes sommes la révolte et nous la voulons.

On continue de passer des noms ; à certains, tels que Ferry, il y a des murmures, d’autres disent : Qu’importe ! puisqu’on a la République on changera ceux qui ne valent rien. — Ce sont les gouvernants qui font les listes. Sur la dernière, il y a : Arago, Crémieux, Jules Favre, Jules Ferry, Gambetta, Garnier-Pagès, Glais-Bizoin, Eugène Pelletan, Ernest Picard, Jules Simon, Trochu, gouverneur de Paris.

La foule crie : Rochefort ! On le met sur la liste ; c’est la foule qui commande maintenant.

Une nouvelle clameur s’élève à l’hôtel de ville ! C’était déjà beau devant le corps législatif, c’est bien plus beau dehors ! La foule roule vers l’hôtel de ville ; elle est dans ses jours de splendeur.

Le gouvernement provisoire est déjà là ; un seul a l’écharpe rouge, Rochefort, qui sort de prison.

Encore des cris : Vive la République !