Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

postes, un homme tenant une affiche blanche s’élança au bureau, la générale battait dans Paris ; l’affiche, c’était le décret de convocation pour le lendemain afin de nommer la Commune !

— Vive la Commune ! crièrent les gardes nationaux présents. — Mieux eût valu, dit une voix, la Commune révolutionnaire nommée par la foule.

— Qu’importe ! s’écria Rochebrune, pourvu qu’elle laisse Paris se défendre de l’envahissement.

Il émit alors cette idée, la même que Lullier proposait quelques semaines auparavant, que Paris investi n’aurait jamais sur un seul point de l’enceinte, que quelques milliers d’hommes, dont une sortie de deux cent mille pouvait et devait avoir raison.

Des acclamations s’élèvent ; on veut nommer Rochebrune général de la garde nationale, mais il s’écrie : — La Commune d’abord !

Alors un nouveau venu s’élance à la tribune, il raconte que le 106e bataillon a délivré le gouvernement, que l’affiche a menti, que la défense nationale a menti, que plus que jamais le plan de Trochu réglait la marche et l’ordre des défaites et que Paris devait plus que jamais veiller lui-même à n’être pas livré. On crie : Vive la Commune !

Un gros homme qui attend on ne sait pourquoi sur la place se mêle aux gardes nationaux et cherche à exprimer son opinion : — Il faut toujours des chefs, dit-il, il faut toujours un gouvernement pour vous mener.

Ce doit être un orateur de la réaction, on a bien autre chose à faire que de l’écouter.

Oui. L’affiche avait menti, le gouvernement avait menti.

Paris ne nommait pas sa Commune.

Tous ceux qui la veille avaient été acclamés étaient décrétés d’accusation : Blanqui, Millière, Flourens,