Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/15

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naître, grâce à ses cheveux ondés, presque crêpés, et qui semblaient vivre sous la main…

Soudain le sort tourna.

En 1782, M. de Corday d’Armont partit pour Caen, afin de suivre un procès qu’il avait engagé contre les frères de sa femme, les Gautier. Il emmena sa famille et se logea sur la Butte Saint-Gilles. Là, en peu de temps, Charlotte perdit sa sœur aînée, puis sa mère, morte en mettant au monde un sixième enfant, qui lui-même ne vécut pas.

M. de Corday aimait tendrement sa femme. Dans leur entourage, on les appelait, bien qu’ils fussent jeunes encore, Philémon et Baucis. Le malheur l’atterra. Il restait veuf, dans un gîte de hasard, avec quatre enfants, dans un état voisin de la gêne. Il est vrai que Charlotte et sa jeune sœur Éléonore tenaient de leur mieux le ménage. Leur père laissait dans un tiroir ouvert le peu d’argent dont il disposait. Et cette marque de confiance même les incitait à l’économie. Mais leur frère aîné se destinait à l’École militaire, et ses études étaient coûteuses…