C’est alors qu’intervint Mme de Belzunce. Elle dirigeait depuis de longues années l’Abbaye-aux-Dames, toute proche du logis de la Butte Saint-Gilles. Elle apprit vite la situation embarrassée du père, le dévouement de ses filles. Elle s’intéressa aux deux sœurs, aussi touchée par la beauté de l’une que par la disgrâce de l’autre. Car Éléonore était bossue.
En principe, l’Abbaye ne recevait pas de pensionnaires. Seul le roi avait le privilège d’en désigner quelques-unes. Mais Mme de Belzunce avait appelé près d’elle sa nièce, Alexandrine de Forbin d’Oppède. Elle offrit à M. de Corday de prendre ses deux filles à l’Abbaye où elles partageraient l’éducation de Mlle de Forbin. Il accepta. Tandis qu’il abandonnait la ville pour vivre à nouveau sur ses terres, Charlotte et sa sœur entraient à l’Abbaye-aux-dames. Elles devaient y rester près de dix ans.
Sur une colline qui domine la capitale normande, l’Abbaye-aux-Dames s’étend comme une véritable petite ville forte. Elle est entourée d’un rempart que des tourelles soutiennent à des intervalles réguliers. Cette muraille