Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/21

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souffrir de la misère d’autrui, ce besoin de l’alléger.

À l’Abbaye même, un jeune homme annonçait comme autant de victoires tous les progrès de la Révolution. C’était Gustave Doulcet de Pontécoulant, le neveu de la nouvelle abbesse, Mme de Pontécoulant. Mme de Belzunce, dont elle avait été la coadjutrice, était morte le 31 janvier 1787. Âgé de vingt-cinq ans, Gustave Doulcet était violemment acquis aux idées nouvelles. C’était surtout devant Charlotte qu’il célébrait leur triomphe. D’abord une vague parenté l’unissait à la jeune pensionnaire. Surtout, elle était la seule à penser comme lui dans tout le couvent.

Dès le début de la Révolution, il avait donné des gages rigoureux de sa foi. Le premier peut-être en France, il avait renoncé à ses titres. Lorsque les trois Ordres envoyèrent des députés aux États Généraux, au lieu d’assister aux réunions de la noblesse où il était convoqué, il s’était mêlé aux assemblées bailliagères où le Tiers nommait ses délégués. Il avait travaillé à la rédaction des Cahiers de revendications que le Tiers État normand, comme celui de chaque province, adressait aux États Généraux. Tâche admirable. Car ces Cahiers